Avec une jolie église au milieu. Et
des prés, des fleurs, des chevaux et des moutons autour. Avec un chemin pour
les balades à pied ou à vélo en compagnie de mes petits garnements. Souvent,
nous allions à l’épicerie de Pinou qui vend les meilleurs Kinder Surprise du
monde et on les croquait, assis sur un muret en admirant le coq du clocher,
les fleurs dans la prairie ou La jument dans la brume.
J’habitais un beau village, mais ça c’était avant.
J’habitais un beau village... jusqu’il y a quelques jours.
En me rendant chez Pinou la semaine dernière, j’ai eu une
mauvaise surprise dans mon Kinder. Sur le terrain vague en contrebas de
l’église, là où cet été les villageois se réunissaient encore pour un barbecue
de fête, des ouvriers assemblaient un gigantesque mécano de poutrelles d’acier.
Je suis allé observer les jours suivants, et le mécano s’est rapidement habillé
d’horribles plaques de béton. Désormais, entre l’église et la pittoresque Ferme du Quartier, se dresse un immense hangar qui
abritera les moissonneuses-batteuses, les arracheuses de betteraves et les
tracteurs géants de pauvres agriculteurs qui ont tant besoin de matériel
effrayant comme ces vaisseaux de science-fiction pour bloquer les routes vers
Bruxelles quand ils veulent manifester leur mécontentement.
Lorsque j’étais écolier, on nous apprenait qu’il existait deux
types d’agriculture : l’intensive dans nos régions où les terrains sont relativement
petits et l’extensive dans les grands espaces, américains notamment. Les monstrueuses
machines de là-bas ont débarqué chez nous, et d’intensive ou extensive,
l’agriculture est devenue intempestive, voire agressive, avec ses véhicules démesurés pour nos
petites routes et ses hangars colossaux qui défigurent notre campagne.
J’habitais un beau village, mais ça c’était avant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire