lundi 15 août 2016

Les Ardennes et leurs sapins, leurs rivières, leurs villages... leurs Harley-Davidson

Tu te balades dans les Ardennes et quand tu vois un joli coin, tu t’assieds sur une petite terrasse, tu commandes un Orval... mais t’as pas de chance, ils arrivent. Tu les entends de loin. Et puis de près, tu crois que tes tympans vont exploser. Les moteurs hurlent, toussent, éructent. Ce sont des Harley-Davidson, bien sûr. En bande. Ils envahissent ta petite auberge. T’as plus qu’à vider ton Orval et les lieux.

Tu vas alors poser ton postérieur sur l’herbe au bord de la Semois. Pas loin du camping, tu peux même tremper les pieds dans l’eau glacée et admirer le héron. Mais à nouveau, pas de chance. Vroum-vroum, quelques barbus tatoués déboulent sur le petit pont et descendent vers la buvette des campeurs. Le boucan des motos - des Harley again - puis du juke-box, est insoutenable, tu n’as plus qu’à aller jeter des cailloux dans l’eau ailleurs.

Tu décides alors de te rendre au centre du village, le clocher est joli, les petites maisons en pierre aussi. Tu voudrais entrer dans l’église pour admirer les vitraux mais, pas de chance encore, plein de motos sont garées devant l’escalier qui monte au porche. Tu essaies de te faufiler entre les Harley mais t’as intérêt à ne pas en accrocher une, les Hells-Angels assis aux tables du bistrot de l’autre côté de la placette t’ont à l’œil. Finalement, tu renonces, tu t’achètes un petit jambon fumé que tu mangeras à la maison, tu rentres chez toi.

Sur la route qui longe la rivière, tu les vois arriver dans ton rétroviseur, tu te planques sur le côté pour les laisser passer. Ils te font un signe du pied pour te dire merci, toi t'as plutôt envie de leur faire un signe du doigt.


vendredi 29 avril 2016

Pétitions stop !

Chaque jour apporte sa nouvelle pétition sur les réseaux sociaux. Sans que l’on sache souvent qui en est vraiment l’instigateur. De nombreux mouvements se proclamant citoyens invitent les internautes à soutenir des causes, à interpeller les pouvoirs, à manifester leur opinion, leur mécontentement ou leur colère en dehors des formes d’expression politiques classiques. Ça me gave. Avaaz est un de ces mouvements mondiaux qui donnent aux citoyens les moyens de peser sur les prises de décisions partout dans le monde. Du bout de leur index. Dès que je ne suis pas d’accord, je clique sur mon ordi. Et ainsi, de mon canapé, je lutte contre la pollution de l’eau, la faim au Burkina Faso, la chasse aux éléphants... Aujourd’hui, je signe et je partage la pétition « 72 heures pour éviter un nouveau Tchernobyl » afin de décupler maintenant notre pression pour nous assurer que ces vieilles centrales nucléaires (Doel et Tihange) soient mises hors d'état de nuire. 

Pour nous faire bien peur, la présentation de la pétition nous rappelle que «selon les experts, l’Europe pourrait être confrontée au risque nucléaire le plus grave depuis Tchernobyl, à cause du redémarrage par la Belgique de deux vieilles centrales pleines de fissures ». La faute à qui ? Pas à moi signataire de cette pétition, bien sûr, même si je suis un boulimique d'énergie, avec mes lampes allumées partout dans ma maison, mes deux télés qui ronronnent ainsi que ma machine à laver, mon frigidaire, mon congélateur, l’éclairage dans mon jardin, ma radio dans la cuisine... et mon ordinateur, of course. Et, en plus, j'ai remonté le chauffage avec cette semaine polaire.

La situation énergétique de la Belgique est certes plus que préoccupante mais faut-il pour autant agiter une autre terreur après les attentats ? Ajouter une couche supplémentaire au bashing belge à la mode ? Qui sont « ces experts » que l’on évoque ? Pourquoi titrer « Tchernobyl » en gros caractères ? Qui sont les véritables instigateurs de cette pétition ? Qui sont les 1165369 personnes qui ont signé la première pétition ? Que savent-elles et que revendiquent-elles exactement ? Sont-elles prêtes à rationner leur consommation d’énergie ? Maintenant, tout de suite, dans les 72 heures ? 
Attention, comprenez-moi bien, je ne dis pas qu’il ne faut rien faire. Je dis juste le contraire. Je dis qu’il faut agir avec sa tête et non réagir avec son doigt et ses émotions. Et tomber dans le populisme. Basta les pétitions ! Chaque jour sur les réseaux sociaux, pour une nouvelle raison, ça s’indigne, ça invective, ça clique, ça like ou ça dislike. Trop is te veel !

Les problèmes sont complexes, le monde (et pas seulement notre petit pays qu’on prend tellement plaisir à dénigrer) galère de partout, l’avenir est en péril. Les solutions ne se trouvent pas à fleur d'index dans les clics et les forums du clavier du commerce, mais sur le terrain, dans les vrais débats, dans les idées, dans les engagements, dans le courage, dans la recherche, dans le travail, dans l’étude, dans l’action. 


Dans la vie.