C’est la première marque automobile pour laquelle j’ai
travaillé: VW, Das Auto. À l’époque, dans les années soixante septante, VW était bien
plus qu’une marque, c’était un mythe, une icône de la pub. Des annonces
remarquables, petites perles d’imagination et de style. Un exemple pour tous
les concepteurs-rédacteurs. Bill Bernbach, le père-fondateur de cette nouvelle approche de la "réclame" désormais publicité nourrie de bons sens, d’humour et de talent, apportait un peu de
noblesse et de respectabilité à un secteur d’activités jusqu’alors aux mains
rarement propres, de Mad Men sans foi
ni loi.
Avec VW et quelques autres marques comme Avis ou Uniroyal,
Bernbach et son agence DDB m’ont donné le goût, que dis-je, la passion de mon
métier que j’ai toujours essayé d’exercer avec enthousiasme et honnêteté jusqu’à
ma retraite. Aujourd’hui encore, en tant que prof, il m’arrive de parler de
cette époque et de VW qui avait instauré avec ses clients et futurs clients,
une pub-dialogue fondée sur la complicité, l’empathie, la confiance. Et la
créativité ! Des valeurs qui n’empêchent pas - il suffit de voir le succès
de Volkswagen - la réussite commerciale.
Et aujourd’hui, patatras, cette marque synonyme de
confiance, celle dont la saga publicitaire riche de plusieurs décennies de génie
est sans pareil, cette marque pour laquelle les meilleurs publicitaires ont donné
le meilleur d’eux-mêmes, leurs meilleures idées, leurs meilleures textes, leurs
meilleures photos, cette marque à laquelle j’ai consacré modestement
quelques-unes de mes meilleures années... cette marque a trahi son âme, trompé
des millions de clients, pollué l’environnement. Et aussi tué une partie de mes
rêves.
Honte à ses patrons indignes. Et tellement cons.