J’habite un joli coin de Wallonie et les routes qui y mènent
incitent à la flânerie. Disons plutôt devraient inciter. La
vitesse y est limitée à du 70 voire du 50 km/h. Les paysages de céréales et de
betteraves, les horizons lointains, les ciels bleus et moutonnés, les doux
pâturages et les longs tunnels de frondaisons verdoyantes devraient inciter,
dis-je, à la flânerie, à la balade, à la quiétude. D’ailleurs, ces petites
routes, dont la merveilleuse allée des 40 Bonniers, sont souvent empruntées par
des cyclotouristes et des pépés automobilistes - dont je fais partie - qui
respectent les limitations de vitesse et profitent du coup d’œil. Mais ils ne
sont hélas pas seuls sur la route. Surtout aujourd’hui.
C’est vendredi, le soleil tape dur et pour de nombreux « pilotes du week-end » dont
le nombre de neurones est inversement proportionnel à la quantité de chevaux-vapeur que développent leurs grosses cylindrées généralement teutonnes,
ces petites routes évoquent la piste de Spa-Francorchamps et les virages de
Monza. « Et vas-y que j’appuie
sur l’accélérateur et que je m’en fiche de ces emmerdeurs qui
pédalent et de ces vieillards qui traînaillent. Je vais deux fois
plus vite que ce qu’indiquent les panneaux, et alors ? je m’en tape, je balaie la route
de grands appels de phares, dégagez s’il vous plaît, laissez passer ma
Bèèèèèème ou mon Audiiiiiiiiii ou mon quatrefoisquaaaaatre !
Quand j’y pense, j’en tremble encore.
Cet après-midi, un crétin – ou une conne – je n’ai pas eu le
temps de voir, a déboulé d’un virage en plein milieu de la route et a foncé à
plein tube droit vers ma voiture. Heureusement, moi je sais conduire, j’ai donné un grand
coup de volant à droite, touché la bordure mais ai évité que cet abruti – ou
cette imbécile – me percute. Et me tue. Ouf ! j’en tremble encore. Quant à
lui ou elle, il ou elle n’a rien remarqué, il ou elle a continué sa course comme si de rien n'était. Peut-être s'est il ou elle planté(e) plus loin dans le décor. Je ne peux pas souhaiter cela mais je fulmine contre
tous ces connards qui se prennent pour des champions et roulent comme des cinglés.
Et je me rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, je crois l’avoir
déjà raconté dans un des mes billets, l’un d’eux m’avait dépassé en coupant une
ligne blanche et arriva ce qui devait arriver. Alors qu’il était à ma hauteur,
un gros engin agricole a surgi en face de lui, j’ai pilé sur mes freins pour
qu’il puisse se rabattre et ... ne pas mourir décapité par les dents de labour
à l’avant du tracteur. Quand il s’est retrouvé devant moi grâce à Dieu et à mon pied droit, je lui ai envoyé un petit
appel de phare dans le rétroviseur pour lui signifier de se calmer et, aussi,
pour me soulager de l’angoisse que je venais de vivre.
Il m’a remercié d’un élégant doigt d’honneur et a violemment
accéléré pour à nouveau foncer sur la petite route. Parfois, je me dis que je n’aurais pas dû... allez, non, je
ne peux pas penser cela.
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