vendredi 11 septembre 2015

Les Schumi du vendredi

Quand j’y pense, j’en tremble encore.

J’habite un joli coin de Wallonie et les routes qui y mènent incitent à la flânerie. Disons plutôt devraient inciter. La vitesse y est limitée à du 70 voire du 50 km/h. Les paysages de céréales et de betteraves, les horizons lointains, les ciels bleus et moutonnés, les doux pâturages et les longs tunnels de frondaisons verdoyantes devraient inciter, dis-je, à la flânerie, à la balade, à la quiétude. D’ailleurs, ces petites routes, dont la merveilleuse allée des 40 Bonniers, sont souvent empruntées par des cyclotouristes et des pépés automobilistes - dont je fais partie - qui respectent les limitations de vitesse et profitent du coup d’œil. Mais ils ne sont hélas pas seuls sur la route. Surtout aujourd’hui.

C’est vendredi, le soleil tape dur et pour de nombreux « pilotes du week-end » dont le nombre de neurones est inversement proportionnel à la quantité de chevaux-vapeur que développent leurs grosses cylindrées généralement teutonnes, ces petites routes évoquent la piste de Spa-Francorchamps et les virages de Monza. « Et vas-y que j’appuie sur l’accélérateur et que je m’en fiche de ces emmerdeurs qui pédalent et de ces vieillards qui traînaillent. Je vais deux fois plus vite que ce qu’indiquent les panneaux, et alors ?  je m’en tape, je balaie la route de grands appels de phares, dégagez s’il vous plaît, laissez passer ma Bèèèèèème ou mon Audiiiiiiiiii ou mon quatrefoisquaaaaatre !

Quand j’y pense, j’en tremble encore.

Cet après-midi, un crétin – ou une conne – je n’ai pas eu le temps de voir, a déboulé d’un virage en plein milieu de la route et a foncé à plein tube droit vers ma voiture. Heureusement, moi je sais conduire, j’ai donné un grand coup de volant à droite, touché la bordure mais ai évité que cet abruti – ou cette imbécile – me percute. Et me tue. Ouf ! j’en tremble encore. Quant à lui ou elle, il ou elle n’a rien remarqué, il ou elle a continué sa course comme si de rien n'était. Peut-être s'est il ou elle planté(e) plus loin dans le décor. Je ne peux pas souhaiter cela mais je fulmine contre tous ces connards qui se prennent pour des champions et roulent comme des cinglés.
Et je me rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, je crois l’avoir déjà raconté dans un des mes billets, l’un d’eux m’avait dépassé en coupant une ligne blanche et arriva ce qui devait arriver. Alors qu’il était à ma hauteur, un gros engin agricole a surgi en face de lui, j’ai pilé sur mes freins pour qu’il puisse se rabattre et ... ne pas mourir décapité par les dents de labour à l’avant du tracteur. Quand il s’est retrouvé devant moi grâce à Dieu et à mon pied droit, je lui ai envoyé un petit appel de phare dans le rétroviseur pour lui signifier de se calmer et, aussi, pour me soulager de l’angoisse que je venais de vivre.

Il m’a remercié d’un élégant doigt d’honneur et a violemment accéléré pour à nouveau foncer sur la petite route. Parfois, je me dis que je n’aurais pas dû... allez, non, je ne peux pas penser cela.






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