vendredi 11 décembre 2020

Salades de pute

Quand je vois certains « films » publicitaires, j’ai honte d’avoir fait ce métier.

Oh ! ce ne sont pas les spots idiots ou criards qui m’énervent le plus mais au contraire ceux qui sont superbement réalisés pour « faire comme » s’ils n’étaient pas de la réclame mais un élan de solidarité alors que leur objectif réel est commercial.

Je n’ai rien contre les objectifs commerciaux quand ils sont clairement annoncés, quand la publicité n’avance pas masquée. Mais pas quand elle nous invite à sortir nos mouchoirs... avant nos portefeuilles. 

Une marque de la grande distribution, Intermarché pour ne pas la citer, m’horripile particulièrement en cette période de Covid avec un spot « émouvant », remarquablement écrit, mis en scène et en musique, pour remercier le personnel soignant (qu’est-ce que cela a à voir avec le commerce ?)

Oui je sais que la pub consiste moins à faire l’article pour des produits qu’à créer de l’image positive et émotionnelle autour des marques. Je sais cela, j’ai fait ce métier. Mais j’ai du mal - de la honte dis-je plus haut - à voir récupérer aussi cyniquement les émotions profondes et douloureuses de la population pour en fin de compte lui vendre des salades.

Je ne montrerai pas ce spot, ce serait lui faire trop d’honneur. 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

lundi 29 juin 2020

Canettes de postillons



Je fais le plein de ma voiture à la pompe du village. Quatre braillards d’une trentaine d’années y boivent des canettes de Jupiler, assis épaules contre épaules sur le capot d’une bagnole. Ils trinquent, picolent, rigolent et rotent sans la moindre retenue.
Un 5ème loustic arrive. 
Il entre dans la boutique et en ressort aussitôt les bras chargés de 5 nouvelles bières. Grosses bises claquantes sur les joues ou dans les barbes des potes et distribution des boissons. La mousse et les postillons spitent joyeusement.
Distanciation sanitaire ? Masques ? Gestes barrières ? Kèkcéksa ? Ce n’est pas pour eux, hein !
Je n’ai rien dit, j'aurais dû mais je n'ai pas osé, j'aurais peut-être pris, en plus de leurs gouttelettes, quelques insultes, crachats ou tartes dans mon faciès masqué.
Ce genre de mecs me fait ch... quand je pense aux milliers de papis couillons qui comme moi n’ont toujours pas approché leurs petits-enfants à moins d’un mètre cinquante depuis trois mois. 


jeudi 14 mai 2020

Paie ou crève



Il y a des matins où des baffes se perdent.
Je viens de lire qu’un jeune économiste belge, professeur à l’université d’Oxford, un certain Jan-Emmanuel De Neve, vient de proposer une bonne idée pour alléger le coût de la crise du coronavirus : instaurer une « taxe corona » uniquement pour les personnes âgées. Celles qui auront survécu à cette pandémie qui aura surtout fait des victimes chez les plus de 70 ans.
Selon cet économiste, en revanche ce sont les jeunes les principales victimes des dégâts collatéraux de cette crise avec les pertes de revenus et le chômage que le confinement a engendrés. Les seniors doivent se rendre compte, toujours selon cet expert, que les jeunes se sont "sacrifiés pour eux", il est donc normal qu’ils mettent la main à la poche.
On compte près de 5000 vieux qui ont anticipé cette proposition en se laissant mourir dans les maisons de repos afin de réduire le coût des pensions et contribuer ainsi à alléger les charges fiscales des jeunes. Mais cela ne suffit pas. 
Ceux qui ont envie d'encore vivre quelques années devraient donc passer à la caisse. La plupart ont élevé des enfants, leur ont payé des études - peut-être en économie à l’université – en traversant eux aussi des moments difficiles sur le plan de la santé ou de leur emploi, ou les deux. Beaucoup d’entre eux continuent à aider leurs enfants et petits-enfants. Et tous (ou presque), comme les jeunes, ont payé et paient encore des impôts pour contribuer à la solidarité envers tous. Mais cela ne suffit pas apparemment pour Jan-Emmanuel. Le mieux serait, peut-être, qu’ils fassent un beau geste, qu’ils disparaissent, non ?

Qu’en pensent vos parents, Monsieur De Neve ?

mercredi 6 mai 2020

Lecture de circonstances



Ce livre n’est certes pas le meilleur que j’ai lu mais la profondeur (si j’ose dire) de son titre m’a interpellé. Dans le contexte actuel, avec tout ce que je vois (et que je ne vois pas) dans les médias, les forums et sur Facebook, je ne suis souvent pas loin de penser la même chose. Et de retrouver dans sa formulation pour le moins directe un peu, beaucoup, de ma jeunesse. J’avais alors un tempérament de feu, soupe au lait, un vrai caractère de cochon. Que de fois ne me suis-je pas accroché avec des collègues ou des clients ! Dans mon boulot de créatif de pub, il fallait alors avoir le cuir épais, des nerfs d’acier et la verve explosive car l’on était perpétuellement sous le feu des critiques, pour le dire poliment. En réalité, c’était moins élégant : les idées que nous produisions étaient systématiquement passées à la moulinette et se retrouvaient très, trop, souvent qualifiées de « grosses merdes » et traitées comme telles. OK elles n’étaient pas toujours géniales. Mais dans de nombreux cas, elles passaient au dessus de l’intelligence de nos interlocuteurs ou se heurtaient à leur mauvaise foi.
Il y a, en effet, toujours quelqu’un pour vous signifier que ce que vous faites ne vaut rien et que lui ferait mieux que vous. Je me souviens ainsi d’un client épouvantable qui devant toutes, mais alors toutes les réflexions que je lui présentais ne manifestait que morgue et mépris. Jusqu’au jour où, excédé, j’ai ouvert la fenêtre de la salle de réunion et balancé tous mes projets en le priant d’aller se faire f...
Heureusement qu’il ne s’agissait que de pub ! Imaginez si les scientifiques et les politiques en charge de la crise du coronavirus réagissaient de la même manière face à tous les yakas et les faukons (...et les vrais aussi).


lundi 20 février 2017

Nous aussi ?

J’ai envie de pousser un coup de gueule, de cracher mon ras-le-bol, de sortir de ma soi-disant gentillesse et bonne humeur. Heureusement, j’ai un blog défouloir pour ça, intitulé J’HAINE. Il y a longtemps que je ne l’avais plus utilisé mais là je vais le faire.

J’en ai ras-le-bol, en effet, de voir et d’entendre gueuler et râler à tous les coins de Facebook et deTwitter, dans les forums des gazettes, dans les débats et talk-shows à la télé.

Oui, j’en ai marre des vociférations « tous pourris », j’en ai soupé de ces déballages honteux et des commentaires indignes qui en découlent, j'en ai soupé du défilé sans fin sur mon portable et mon smartphone de réflexions pénibles, imbéciles et grossières rédigées dans un salmigondis d’ignorance, d’approximations, de mensonges et de fautes d’orthographe, je n’en peux plus de ces images sales, violentes ou débiles, j’en ai assez de ces opinions de plus en plus égoïstes et violentes qui ratonnent de l’arabe, qui brûlent du juif, qui bouffent du curé, qui cassent du nègre, qui enc..... la politique.

Oui, j’en ai plein les bottes de la connerie, de la beauferie, de la haine.

Si on a les responsables qu’on a, c’est peut-être aussi parce que nous les valons bien.





lundi 15 août 2016

Les Ardennes et leurs sapins, leurs rivières, leurs villages... leurs Harley-Davidson

Tu te balades dans les Ardennes et quand tu vois un joli coin, tu t’assieds sur une petite terrasse, tu commandes un Orval... mais t’as pas de chance, ils arrivent. Tu les entends de loin. Et puis de près, tu crois que tes tympans vont exploser. Les moteurs hurlent, toussent, éructent. Ce sont des Harley-Davidson, bien sûr. En bande. Ils envahissent ta petite auberge. T’as plus qu’à vider ton Orval et les lieux.

Tu vas alors poser ton postérieur sur l’herbe au bord de la Semois. Pas loin du camping, tu peux même tremper les pieds dans l’eau glacée et admirer le héron. Mais à nouveau, pas de chance. Vroum-vroum, quelques barbus tatoués déboulent sur le petit pont et descendent vers la buvette des campeurs. Le boucan des motos - des Harley again - puis du juke-box, est insoutenable, tu n’as plus qu’à aller jeter des cailloux dans l’eau ailleurs.

Tu décides alors de te rendre au centre du village, le clocher est joli, les petites maisons en pierre aussi. Tu voudrais entrer dans l’église pour admirer les vitraux mais, pas de chance encore, plein de motos sont garées devant l’escalier qui monte au porche. Tu essaies de te faufiler entre les Harley mais t’as intérêt à ne pas en accrocher une, les Hells-Angels assis aux tables du bistrot de l’autre côté de la placette t’ont à l’œil. Finalement, tu renonces, tu t’achètes un petit jambon fumé que tu mangeras à la maison, tu rentres chez toi.

Sur la route qui longe la rivière, tu les vois arriver dans ton rétroviseur, tu te planques sur le côté pour les laisser passer. Ils te font un signe du pied pour te dire merci, toi t'as plutôt envie de leur faire un signe du doigt.


vendredi 29 avril 2016

Pétitions stop !

Chaque jour apporte sa nouvelle pétition sur les réseaux sociaux. Sans que l’on sache souvent qui en est vraiment l’instigateur. De nombreux mouvements se proclamant citoyens invitent les internautes à soutenir des causes, à interpeller les pouvoirs, à manifester leur opinion, leur mécontentement ou leur colère en dehors des formes d’expression politiques classiques. Ça me gave. Avaaz est un de ces mouvements mondiaux qui donnent aux citoyens les moyens de peser sur les prises de décisions partout dans le monde. Du bout de leur index. Dès que je ne suis pas d’accord, je clique sur mon ordi. Et ainsi, de mon canapé, je lutte contre la pollution de l’eau, la faim au Burkina Faso, la chasse aux éléphants... Aujourd’hui, je signe et je partage la pétition « 72 heures pour éviter un nouveau Tchernobyl » afin de décupler maintenant notre pression pour nous assurer que ces vieilles centrales nucléaires (Doel et Tihange) soient mises hors d'état de nuire. 

Pour nous faire bien peur, la présentation de la pétition nous rappelle que «selon les experts, l’Europe pourrait être confrontée au risque nucléaire le plus grave depuis Tchernobyl, à cause du redémarrage par la Belgique de deux vieilles centrales pleines de fissures ». La faute à qui ? Pas à moi signataire de cette pétition, bien sûr, même si je suis un boulimique d'énergie, avec mes lampes allumées partout dans ma maison, mes deux télés qui ronronnent ainsi que ma machine à laver, mon frigidaire, mon congélateur, l’éclairage dans mon jardin, ma radio dans la cuisine... et mon ordinateur, of course. Et, en plus, j'ai remonté le chauffage avec cette semaine polaire.

La situation énergétique de la Belgique est certes plus que préoccupante mais faut-il pour autant agiter une autre terreur après les attentats ? Ajouter une couche supplémentaire au bashing belge à la mode ? Qui sont « ces experts » que l’on évoque ? Pourquoi titrer « Tchernobyl » en gros caractères ? Qui sont les véritables instigateurs de cette pétition ? Qui sont les 1165369 personnes qui ont signé la première pétition ? Que savent-elles et que revendiquent-elles exactement ? Sont-elles prêtes à rationner leur consommation d’énergie ? Maintenant, tout de suite, dans les 72 heures ? 
Attention, comprenez-moi bien, je ne dis pas qu’il ne faut rien faire. Je dis juste le contraire. Je dis qu’il faut agir avec sa tête et non réagir avec son doigt et ses émotions. Et tomber dans le populisme. Basta les pétitions ! Chaque jour sur les réseaux sociaux, pour une nouvelle raison, ça s’indigne, ça invective, ça clique, ça like ou ça dislike. Trop is te veel !

Les problèmes sont complexes, le monde (et pas seulement notre petit pays qu’on prend tellement plaisir à dénigrer) galère de partout, l’avenir est en péril. Les solutions ne se trouvent pas à fleur d'index dans les clics et les forums du clavier du commerce, mais sur le terrain, dans les vrais débats, dans les idées, dans les engagements, dans le courage, dans la recherche, dans le travail, dans l’étude, dans l’action. 


Dans la vie.